Mercure et Esculape

Un duo mythologique

Après avoir sillonné toutes les rues de la capitale française et à la suite d’un bon nombre de visites d’hôtels particuliers, de musées et de bâtiments d’institutions, je me suis interrogée sur le fait de ne pas avoir rencontré sur un même support à la fois Hermès et Asclépios ou le duo romain Mercure-Esculape.

Pourtant : Asclépios = dieu de la Médecine, fils d’Apollon et de la nymphe Coronis.
Hermès = fils de Zeus et de Maia (fille d’Atlas le Titan).
Hermès est le demi-frère d’Apollon donc l’oncle d’Asclépios.

Pourtant Mercure enlève Esculape des flammes du bûcher avant qu’il ne brûle avec sa mère Coronis. : Pausanias, Périégèse, livre II, Chapitre XXVI.

Alors pourquoi en iconographie, ne les voit-on que peu ensemble ou plutôt précisément sur Paris car il existe des représentations ailleurs ?

En fait, j’ai trouvé un cas au Louvre :

Salle 559, (ancienne salle 76), Louis XVIII. Aile Richelieu, 1er étage, Louvre.  Vase Médicis. Manufacture de Sèvres, peinture de Louis Bertin Parant : Auguste venant fermer les portes du Temple de Janus. Sèvres, 1823, porcelaine dure. Offert par Louis XVIII à son frère le futur Charles X.
Sur ce vase, nos deux protagonistes sont proches et font partie de la foule.

Pourtant des textes parlent de cette association

Mes recherches m’ont amené à l’ouvrage arabe d’IBN ABY OSSAÏBI’AH, L’Histoire des médecins, traduction française, accompagnée de notes par le Dr B. R. SANGUINETTI, 1854, deuxième extrait, p. 9-16.
Il y est dit page 9 : « Esculape dont il est ici question était un disciple d’Hermès, qu’il avait voyagé avec celui-ci, et que, lorsqu’ils furent revenus de l’Inde et qu’ils furent entrés en Perse, Hermès laissa Esculape à Babylone, comme son vicaire, afin qu’il établisse des lois dans son pays. Il ajoute : « Quant à cet Hermès, il est le premier du nom … » »

Et page 11 : « Quant à l’astronome Abou Ma’char de Balkh, il prétend, dans son Livre des milliers d’années, que cet Esculape n’a pas été le premier des médecins, eu égard à l’excellence du mérite, ni même par rapport au temps dans lequel il a fleuri; mais qu’il a pris l’art médical d’un autre personnage, et a suivi la voie de ceux qui l’avaient précédé; qu’il a été le disciple de Hermès égyptien, et qu’il y a eu trois Hermès » …
« 1er roi … ; 2e prophète … ; et 3e médecin philosophe … »

Page 15 : « Le deuxième Hermès était de Babylone ; il habitait cette capitale des Chaldéens, et il a vécu après le déluge, du temps de Berin-Bâly (peut-être Sardanapale). Celui-ci reconstruisit cette ville après l’époque de Nimroùd, fils de Coûch. Cet Hermès excellait dans la médecine et la philosophie ; il connaissait les qualités des nombres, et il avait pour disciple l’arithméticien Pythagore. Il renouvela, dans la médecine, la philosophie et la science des nombres, ce qui avait été détruit par le déluge à Babylone. »

Page 16 : « Le troisième Hermès a demeuré dans la ville de Memphis, a vécu après le déluge, et il est auteur du livre qui traite des animaux venimeux. Il était un médecin philosophe, connaissait les propriétés des drogues délétères et des animaux nuisibles. Il a parcouru les contrées dans tous les sens, pour étudier les maladies des différents pays et leur nature, ainsi que les températures des habitants. Il a aussi composé sur l’alchimie un traité excellent et précieux duquel dépendent beaucoup d’arts et de métiers, tels que ceux de la verrerie, de la verroterie ou coquillages de Vénus, de la composition du lut, et autres semblables. Cet Hermès avait un disciple nommé Esculape dont le lieu de résidence était la Syrie. »

Peut-être qu’à la BNF, section-manuscrit, il y aurait des représentations de nos deux protagonistes.

Dessin reproduisant : Hermès et un marchand s’approchant d’Asclépios et de ses trois filles (façon 3 Grâces), 1811.

Référence : www.char-fr.net

Consulter aussi pour Hermès-Asclépios : AELIUS ARISTIDE : Discours sacrés : rêve, religion, médecine au IIe siècle après Jésus-Christ. Discours IV, <Asclépios pousse Aristide à composer des vers> ; <Aristide institue des chœurs publics> ; Honneurs décernés en rêve à Aristide ; <Asclépios révèle sa nature à Aristide>.

Nous les retrouvons ensemble sur une médaille de 1752 appartenant au médecin florentin Bertini (Museum Mazzuchellianum, II, pl. CXCII). Mercure, au pétase ailé, tient son caducée et Esculape tient le bâton serpentaire.

WALDEMAR Deonna, Emblèmes médicaux des temps modernes. Du bâton serpentaire d’Asklépios au caducée d’Hermès, revue internationale de la Croix-Rouge et Bulletin international des Sociétés de la Croix-Rouge, Mar 1933, n°170, p. 331. 

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