Hippocrate et le serment

Citation d'Hippocrate : "Tout ce qui se fait, se  fait par un pourquoi".

Testez vos connaissances ! Voici un jeu destiné au corps médical ou à la perspicacité des lecteurs.

Complétez le texte du Serment (dans Jouons) à l’aide des mots proposés ci-dessous.

Vous trouverez l’intégralité du texte traduit qui est la solution, après le texte grec original.

Mots à positionner dans le texte de « Jouons » :

 

particulier;  le régime;  des gens;  des malades;  cet art;  frères;  le besoin;  l’initiative;  général;

Panacée;  injustice volontaire;  Apollon;  les préceptes;  suggestion;  Asclépios;  mon pouvoir;  pureté;

Hippocrate et le serment d’Hippocrate

Hippocrate, né à Cos en 460 avant J. -C., descend d’une famille dont la lignée remonterait à Asclépios (Platon, Phèdre, LIV), (19ème ascendant) : les Asclépiades.  Son père Héraclide est un médecin-prêtre du culte du dieu.
Asclépios est un prince de Thessalie au grand savoir médical avant d’être assimilé au dieu.
Dans cette famille, les médecins se transmettent les connaissances de pères en fils.
Hippocrate exerce à Cos puis en Thessalie avec ses 2 fils médecins.
Il est mort âgé dans cette région, à Larissa, vers 377 avant J. -C.

Hippocrate a bien existé mais ses origines mythiques (descendant d’Héraclès) et l’attribution au médecin de certains des écrits prêtent à douter!

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Hippocrate débute l’étude de la médecine et de l’anatomie (mais il méprise la dissection), à 13 ans, auprès de son père et de son grand-père. Puis, il se perfectionne lors de voyages en Thessalie, en Macédoine, en Egypte, en Asie-Mineure.

Vers 440 avant J. -C., il ouvre son école à Cos. Il intervient ensuite à Athènes pour lutter contre la peste. Puis, il repart sur les routes pour se fixer finalement à Larissa où il fonde encore une école. C’est là qu’il meurt.

Une légende raconte que sur son tombeau, un essaim d’abeilles se serait installé et que le miel recueilli aurait permis la guérison des aphtes infantiles.

Ses théories ont servi à la médecine, pendant des siècles, basées sur quatre éléments constituant le corps (air, terre, eau, feu) et quatre humeurs (sang et chaleur provenant du cœur, flegme et froid du cerveau, bile noire et humidité de l’estomac, bile jaune et sécheresse du foie). Et si, il y a maladie, c’est que ces éléments ne sont plus équilibrés.

Ses connaissances en ostéologie, lui permettent d’inventer un treuil afin de réduire les luxations et un objet afin de trépaner ainsi que de cautériser les hémorragies au fer rouge.

CORPUS HIPPOCRATIQUE 

L’oeuvre hippocratique nous laisse des fiches par individu malade spécifiant son lieu géographique.

Le corpus hippocratique est un ensemble d’ouvrages qui réunit une soixantaine de traités médicaux, attribués à Hippocrate mais sûrement de la main de médecins différents (car il y a des contradictions dans les contenus). Ces écrits fixent les règles déontologiques de la médecine. Le serment aurait été écrit par ses élèves.

Ce corpus prône l’acquis médical et des actes entièrement tournés vers les malades et non envers toute espèce de valorisation personnelle.

Ainsi, les soins doivent être dispensés à tous sans distinction de condition.

LES ECOLES 

La rhétorique, la philosophie participent au savoir médical dans l’Antiquité. Chez l’aïeul d’Hippocrate, la tradition orale et la pratique commencent à se doubler d’ouvrages de médecine.

le nombre de médecins formés chez les Asclépiades n’étant pas suffisant, il a fallu ouvrir des écoles.

A partir du VIème siècle en Grèce, le titre de médecin public a été créé. Il soigne dans les cités mais se rend aussi sur les champs de bataille. Ce médecin est élu par l’ensemble des citoyens. Comme un politique, il doit faire sa profession de foi : quel a été son Maître ? Quelle a été son expérience ? Quelles guérisons chez ses patients a t’il obtenues ?

Un point s’avère d’une grande importance : le thérapeute est-il lui-même malade ? A cette époque, l’incapacité d’un médecin à se guérir, entraîne une incompétence notable qui le rend inapte à prendre en charge des patients.

PORTRAITS 

Hippocrate est représenté par de nombreux bustes (celui d’Ostie semble le plus authentique), sur des monnaies. Il apparaît chauve et barbu. Souvent, sa tête est recouverte par un chapeau ou par son manteau (himation).

LE SERMENT D’HIPPOCRATE 

A la suite de ces ouvertures d’écoles hippocratiques, les élèves extérieurs à la lignée des Asclépiades doivent s’engager sur des règles précises, des garanties morales et financières.

Si le Maître ne bénéficie plusde revenus suffisants, l’élève a obligation à lui venir en aide. En contrepartie, le disciple peut à son tour transmettre gratuitement son savoir médical à ses fils.

La première partie du serment concerne un temps révolu et a été rédigée afin de préserver les privilèges de la lignée des Asclépiades.

Par contre, la seconde partie vise à protéger les malades et à leur garantir les meilleurs soins possibles.

C’est pourquoi, ce serment perdure de nos jours même s’il lui est substitué le serment médical.

L’attribution de ce serment à Hippocrate, est de nos jours remise en question par des travaux récents. Les auteurs pensent plutôt à un écrit « pythagoricien ».

Sources pour Hippocrate et Bibliographie du Serment d’Hippocrate

Sources

Les biographes du médecin sont principalement Soranos d’Ephèse (médecin du 1er siècle ap. J.-C.) et Eratosthène de Cyrène (150 années avant Hippocrate).

Platon : de son vivant, il mentionne 2 fois Hippocrate.
Dont dans Phèdre, LIV.

Aristote : le mentionne aussi.

* Œuvres complètes d’Hippocrate, trad. Émile Littré, Paris, 1839-1861, 10 vol.

* Hippocrate, trad., Les Belles Lettres : L’ancienne médecine (t. II, 1re partie) (fin du Ve siècle av. J.-C.) ; Airs, eaux, lieux (II, 2) ; La maladie sacrée (II, 3) (influence de Diogène d’Apollonie) ; Épidémies ; Des vents (V, 1) ; De l’art (V, 1) ; Du régime (VI, 1) ; Du régime des maladies aiguës (VI, 2) ; De l’aliment ; De l’usage des liquides ; Plaies, nature des os, cœur, anatomie (VIII) ; Maladies ; De la génération (XI) ; De la nature de l’enfant (XI) ; Du fœtus de huit mois (XI) ; Des lieux dans l’homme (XIII) ; Du système des glandes ; Des fistules ; Des hémorroïdes (XIII) ; De la vision ; Des chairs ; De la dentition (XIII).

Bibliographie

* Traduit par Émile Littré – 1819-1861.

* Texte grec ed. E. Littré, Oeuvres complètes d’Hippocrate, vol. 4 (Baillière, Paris 1844), p. 628-632.

* Traduction littérale de M. Riquet et E. des Places, d’après le texte grec édité par J. Petrequin, La chirurgie d’Hippocrate, Paris, 1878.

* Ludwig Edelstein, The Hippocratic Oath: Text, Translation and Interpretation, Supplement to the History of Medicine, no 1, The Johns Hopkins Press, Baltimore, 1943.

* Traduit par J. Jouanna, Hippocrate, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1992.

Serment d’Hippocrate

Je jure par —– médecin, par —–, par Hygie et —–, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin, de remplir, selon ma capacité et mon jugement, ce serment et ce contrat; de considérer d’abord mon maître en cet art à l’égal de mes propres parents; de mettre à sa disposition des subsides et, s’il est dans —–, de lui transmettre une part de mes biens; de considérer sa descendance à l’égal de mes —–, et de leur enseigner —–, s’ils désirent l’apprendre, sans salaire ni contrat; de transmettre, ——, des leçons orales et le reste de l’enseignement à mes fils, à ceux de mon maître, et aux disciples liés par un contrat et un serment, suivant la loi médicale, mais à nul autre.

J’utiliserai  —– pour l’utilité des malades, suivant —– et mon jugement; mais si c’est pour leur perte ou pour une injustice à leur égard, je jure d’y faire obstacle. Je ne remettrai à personne une drogue mortelle si on me la demande, ni ne prendrai  —– d’une telle —–. De même, je ne remettrai pas non plus à une femme un pessaire abortif. C’est dans la —– et la piété que je passerai ma vie et exercerai mon art. Je n’inciserai pas non plus les malades atteints de lithiase, mais je laisserai cela aux hommes spécialistes de cette intervention. Dans toutes les maisons où je dois entrer, je pénétrerai pour l’utilité —–, me tenant à l’écart de toute —–, de tout acte corrupteur en —–, et en  —– des relations amoureuses avec les femmes ou les hommes, libres ou esclaves. Tout ce que je verrai ou entendrai au cours du traitement, ou même en dehors du traitement, concernant la vie —–, si cela ne doit jamais être répété au-dehors, je le tairai, considérant que de telles choses sont secrètes.

Eh bien donc, si j’exécute ce serment et ne l’enfreins pas, qu’il me soit donné de jouir de ma vie et de mon art, honoré de tous les hommes pour l’éternité. En revanche, si je le viole et que je me parjure, que ce soit le contraire.

Traduction : J. Jouanna, Hippocrate, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1992, annexe I.

OPKOΣ

Ὄμνυμι Ἀπόλλωνα ἰητρὸν, καὶ Ἀσκληπιὸν, καὶ Ὑγείαν, καὶ Πανάκειαν, καὶ θεοὺς πάντας τε καὶ πάσας, ἵστορας ποιεύμενος, ἐπιτελέα ποιήσειν κατὰ δύναμιν καὶ κρίσιν ἐμὴν ὅρκον τόνδε καὶ ξυγγραφὴν τήνδε. Ἡγήσασθαι μὲν τὸν διδάξαντά με τὴν τέχνην ταύτην ἴσα γενέτῃσιν ἐμοῖσι, καὶ βίου κοινώσασθαι, καὶ χρεῶν χρηίζοντι μετάδοσιν ποιήσασθαι, καὶ γένος τὸ ἐξ ωὐτέου ἀδελφοῖς ἴσον ἐπικρινέειν ἄῤῥεσι, καὶ διδάξειν τὴν τέχνην ταύτην, ἢν χρηίζωσι μανθάνειν, ἄνευ μισθοῦ καὶ ξυγγραφῆς, παραγγελίης τε καὶ ἀκροήσιος καὶ τῆς λοιπῆς ἁπάσης μαθήσιος μετάδοσιν ποιήσασθαι υἱοῖσί τε ἐμοῖσι, καὶ τοῖσι τοῦ ἐμὲ διδάξαντος, καὶ μαθηταῖσι συγγεγραμμένοισί τε καὶ ὡρκισμένοις νόμῳ ἰητρικῷ, ἄλλῳ δὲ οὐδενί. Διαιτήμασί τε χρήσομαι ἐπ’ ὠφελείῃ καμνόντων κατὰ δύναμιν καὶ κρίσιν ἐμὴν, ἐπὶ δηλήσει δὲ καὶ ἀδικίῃ εἴρξειν. Οὐ δώσω δὲ οὐδὲ φάρμακον οὐδενὶ αἰτηθεὶς θανάσιμον, οὐδὲ ὑφηγήσομαι ξυμβουλίην τοιήνδε. Ὁμοίως δὲ οὐδὲ γυναικὶ πεσσὸν φθόριον δώσω. Ἁγνῶς δὲ καὶ ὁσίως διατηρήσω βίον τὸν ἐμὸν καὶ τέχνην τὴν ἐμήν. Οὐ τεμέω δὲ οὐδὲ μὴν λιθιῶντας, ἐκχωρήσω δὲ ἐργάτῃσιν ἀνδράσι πρήξιος τῆσδε. Ἐς οἰκίας δὲ ὁκόσας ἂν ἐσίω, ἐσελεύσομαι ἐπ’ ὠφελείῃ καμνόντων, ἐκτὸς ἐὼν πάσης ἀδικίης ἑκουσίης καὶ φθορίης, τῆς τε ἄλλης καὶ ἀφροδισίων ἔργων ἐπί τε γυναικείων σωμάτων καὶ ἀνδρῴων, ἐλευθέρων τε καὶ δούλων. Ἃ δ’ ἂν ἐν θεραπείῃ ἢ ἴδω, ἢ ἀκούσω, ἢ καὶ ἄνευ θεραπηίης κατὰ βίον ἀνθρώπων, ἃ μὴ χρή ποτε ἐκλαλέεσθαι ἔξω, σιγήσομαι, ἄῤῥητα ἡγεύμενος εἶναι τὰ τοιαῦτα. Ὅρκον μὲν οὖν μοι τόνδε ἐπιτελέα ποιέοντι, καὶ μὴ ξυγχέοντι, εἴη ἐπαύρασθαι καὶ βίου καὶ τέχνης δοξαζομένῳ παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις ἐς τὸν αἰεὶ χρόνον. παραβαίνοντι δὲ καὶ ἐπιορκοῦντι, τἀναντία τουτέων.

Edition : Emile Littré, Œuvres complètes d’Hippocrate, vol. 4 (Baillière, Paris 1844), p. 628-632.

Serment d’Hippocrate

Je jure par Apollon médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin, de remplir, selon ma capacité et mon jugement, ce serment et ce contrat; de considérer d’abord mon maître en cet art à l’égal de mes propres parents; de mettre à sa disposition des subsides et, s’il est dans le besoin, de lui transmettre une part de mes biens; de considérer sa descendance à l’égal de mes frères, et de leur enseigner cet art, s’ils désirent l’apprendre, sans salaire ni contrat; de transmettre, les préceptes, des leçons orales et le reste de l’enseignement à mes fils, à ceux de mon maître, et aux disciples liés par un contrat et un serment, suivant la loi médicale, mais à nul autre.

J’utiliserai le régime pour l’utilité des malades, suivant mon pouvoir et mon jugement; mais si c’est pour leur perte ou pour une injustice à leur égard, je jure d’y faire obstacle. Je ne remettrai à personne une drogue mortelle si on me la demande, ni ne prendrai l’initiative d’une telle suggestion. De même, je ne remettrai pas non plus à une femme un pessaire abortif. C’est dans la pureté et la piété que je passerai ma vie et exercerai mon art. Je n’inciserai pas non plus les malades atteints de lithiase, mais je laisserai cela aux hommes spécialistes de cette intervention. Dans toutes les maisons où je dois entrer, je pénétrerai pour l’utilité des malades, me tenant à l’écart de toute injustice volontaire, de tout acte corrupteur en général, et en particulier des relations amoureuses avec les femmes ou les hommes, libres ou esclaves. Tout ce que je verrai ou entendrai au cours du traitement, ou même en dehors du traitement, concernant la vie des gens, si cela ne doit jamais être répété au-dehors, je le tairai, considérant que de telles choses sont secrètes.

Eh bien donc, si j’exécute ce serment et ne l’enfreins pas, qu’il me soit donné de jouir de ma vie et de mon art, honoré de tous les hommes pour l’éternité. En revanche, si je le viole et que je me parjure, que ce soit le contraire.

Traduction : J. Jouanna, Hippocrate, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1992, annexe I.

GALIEN Claude : « Le clinicien doit s’enquérir de toutes les manifestations présentes et passées en examinant lui-même les symptômes actuels et en s’informant des antécédents auprès du malade et de ses proches ». Disciple d’Hippocrate.

On peut le qualifier de : anatomiste, chirurgien, médecin, botaniste, pharmacien et de philosophe.

Il est né à Pergame en 131 d’un père (Nikon), architecte et sénateur et d’une mère coléreuse dont il hérite du caractère alors même que son nom  Galenus signifie « le doux ». Il sera d’ailleurs peu aimé de ses confrères.

A la suite de l’apparition d’Esculape dans un de ses songes, Galien aurait choisi la médecine.
A 17 ans
, il préfère la médecine au lieu d’un avenir d’administrateur. Puis il se perfectionne à Smyrne, Corinthe et Alexandrie.

Revenu sur Pergame, il soigne les gladiateurs, un poste très recherché. Il continue à parfaire ses connaissances en traumatologie et en anatomie (il dissèque les animaux du cirque).

A Rome, sur la voie sacrée vers 162, il enracine sa réputation de médecin. En plus de ses travaux, appuyés sur les thèses d’Hippocrate qu’il approfondit, Galien donne des conférences, organise des expositions d’anatomie et dissèque même des animaux en public. Il applique ses observations à l’homme, ce qui engendre quelques erreurs dans ses conclusions. Son diagnostic découle de l’observation du malade.

Il se penche sur le rôle du rein, sur les canaux galactophores, sur le péristaltisme intestinal. Il invente les mots d’épiphyse, d’apophyse et de cotyle. Il pousse aussi ses études sur les plantes médicinales et définit un registre de préparations des remèdes d’origine minérale et végétale (473 remèdes). Les résultats dépendent, selon lui, de la qualité, de la quantité, de l’administration et du bon usage. Et il s’est penché sur la Thériaque, puissant antidote qui fera partie du codex jusqu’en 1908.

En 166, une épidémie de peste frappe Rome, il s’enfuit donc. Mais en 168, à la demande de Marc Aurèle, il revient et devient son médecin après l’avoir guéri d’un ennui gastrique (ce que ses confrères n’avaient pas réussi à faire).

Sous Commode, fils de Marc Aurèle, il continue sa mission de consultant.

Galien décède en 201.

Au Moyen Age, Galien est la référence (même de l’Eglise) issue de l’Antiquité et ses travaux sont connus par les traducteurs arabes.

Puis son influence se perd face aux pratiques médiévales. C’est au XVIème siècle que l’anatomiste, Vésale, remet les travaux de Galien sur scène en les enrichissant. Cela entraîne la querelle des anciens et des modernes.

Repères iconographiques

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