1b) Le caducée d’Asclepios

Pouvoir divin de guerir ou le bâton serpentaire d'Asclepios

Le dieu de la Médecine est Asclépios (en Grèce et Esculape à Rome).

Les attributs d’Esculape : le caducée, le serpent, le coq, le chien. Il porte généralement la barbe et a l’air débonnaire, calme, puissant et imposant. Debout, il tient une massue ou un bâton de pèlerin (voyageur universel) où un seul serpent s’entortille.

Sur la massue de ce demi-dieu, un seul serpent côtoie parfois un soleil (comme un miroir). Sur certaines représentations le serpent peut s’enrouler autour d’un bras d’Esculape.

Le miroir au-dessus du bâton représente la prudence. Un miroir métallique avec parfois des signes cabalistiques gravés sans pour cela altérer la fonction de réflexion du miroir. Cette surface polie permet de voir plus loin, de maitriser l’avenir d’où le rapport au diagnostic et pronostic médicaux.
Le reptile peut aussi s’enrouler autour de son bras. Bien sûr l’iconographie change au fils des ans. Le bâton se transforme parfois en un faisceau de licteurs.
Coq : Symbolise la vigilance dans le domaine de la santé militaire mais il est remplacé par le miroir de la Prudence.
Le coq d’Esculape ose combattre le serpent. On immolait un coq en l’honneur du fils d’Apollon.

Sa fille, Hygie, a pour attribut une coupe (source de bienfaisance) entourée d’un seul serpent (emblème des pharmaciens).

Panacée, son autre fille, guérit par les simples (nom des plantes médicinales au Moyen Âge).

Ce bâton d’Asclépios diffère du caducée d’Hermès (dieu du voyage, du commerce…) dont nous parlerons en détail plus loin. Deux serpents s’enroulent sur la baguette ailée d’Hermès.

Repères iconographiques

Les trois Esculape

– Le premier des Esculape est fils d’Apollon, il est honoré par les Arcadiens et a inventé la sonde et le bandage des plaies.
– Le deuxième est le frère du second Mercure. Cet Esculape frappé par la foudre est enterré à Cynosura.
– le troisième Esculape a pour parents Arsippus et Arsinoé. C’est lui qui utilise en premier les purgatifs et qui extrait des dents. Il est enterré en Arcadie.

Cicéron, De natura deorum, livre III, XXII, 56-57. 

Cicéron qui considère que la guérison des malades dépend plutôt d’Hippocrate que d’Esculape (livre III, XXXVIII, 91).

Nous « honorons » le premier Esculape sur ce site !

ASCLEPIOS (Grèce) – ESCULAPE (Rome)

Asclépios est un guérisseur,  patron de la médecine, fils d’Apollon (lui-même dieu de la médecine et des épidémies) et de Coronis (fille de Phlégias de Thessalie, une nymphe qui trompe Apollon avec Ischys peu de temps après leur relation selon Pindare et Hésiode). Asclépios est sauvé, in extrémis, du ventre de sa mère par son père qui se venge de Coronis en la tuant par le feu. D’après d’autres historiens, il serait le fils d’Apollon et d’Arsinoe, fille de Leucippos. D’une part, on le dit abandonné clandestinement à sa naissance sur le mont Myrtion, allaité par une chèvre et surveillé par un chien. 
D’autre part, c’est le centaure Chiron qui éduque ce prince de Tricca (Thessalie, selon Homère) et lui enseigne la Médecine dans sa grotte. Le centaure, initié par Apollon, y entrepose ses remèdes, ses onguents et traitements curatifs, ses herbes et ses recettes. Des canidés et des reptiles lui servent d’assistants en léchant et absorbant les abcès. L’élève développe de nombreux talents médicaux, pratique l’ophtalmologie et la chirurgie : des aptitudes humaines.
Mais l’humanité s’associe à la légende car il ressuscite aussi des morts (Tyndare, Hippolyte). Et là, il dérange, il menace l’équilibre mythologique entre les vivants et les morts, Hadès se plaint à Zeus.

Zeus foudroie le médecin (en train de soigner Glaucus, un humain) d’un éclair (grâce à la foudre des Cyclopes) car il craint qu’Asclépios, par les pouvoirs de sa médecine, ne rende les hommes immortels. Ce qui porte ombrage au dieu Hadès des Enfers.
Asclépios aurait tenté de sauver Œonus, cousin d’Hercule, attaqué par des chiens puis par les fils d’Hippocoon (Pausanias, Périégèse, Livre III, chapitre III ; Apollodore, Bib, livre II, chapitre VII).

En représailles, son père, Apollon tue les cyclopes. Zeus, du coup, veut aussi se venger d’Apollon et le  jeter au Tartare mais finalement,  il l’envoie comme serviteur chez Admète quelques temps.

Asclépios prend le pas sur son père en tant que dieu de la médecine. 

Sa femme Epione et ses filles Hygie et Panacée sont aussi des guérisseuses. Panacée (celle qui soigne tout), guérit par les simples (nom des plantes médicinales au Moyen Âge).

Quant à ses fils, Machaon (s’est introduit dans le cheval de Troie) et Podalirios, ils sont réciproquement chirurgien et médecin du camp grec dans Homère : L’Iliade, chants (II, 729-732 ; IV, V, 193-219 ; IX, 514 ; XI, 489-596 et 833-836 et 842-848 ; XIV, 1-81). Ils soignent de nombreuses blessures. Puis Machaon soigne Ménélas. Machaon, blessé à l’épaule et soigné par Hécamède, meurt tout de même lors de cette prise de Troie (tué d’une flèche par Paris ou selon Homère par Eurypyle, fils de Télèphe ou selon Apollodore de la main de la reine des Amazones, Penthésilée). Podalire accoste en Carie à Syrna (Turquie). Ses descendants, les Asclépiades, se dispersent pour former les Asclépiades de Cos, de Cnide, de Rhodes (Galien, Méthode thérapeuthique, I, 1).

 Au VIIe s. av. J.-C., Asclépios est élevé au rang de dieu (constellation d’Ophiuchus ou du Serpentaire) pour consoler Apollon  (Apollodore, III, 10, 3). Des temples s’érigent dans toute la Grèce.  Asclépios est très honoré à Athènes sur le flanc sud de l’Acropole. Son culte débute à Athènes après la peste de 429 av. J.-C. Il apparaît en songe lorsque les malades l’implorent dans ses sanctuaires.

Le culte d’Esculape est introduit à Rome en 291-293 av. J.-C. sur le conseil d’un oracle afin d’enrayer une épidémie de peste. Il déclare de se rendre au temple d’Asclépios d’Epidaure. Au retour, les marins emportent avec eux un serpent du sanctuaire (selon Valerius Maximus (1er s. ap. J.-C.), il s’agit d’Esculape métamorphosé. Le reptile s’échappe et se réfugie sur une île du Tibre. Peu après la peste disparaît à Rome et l’on construit sur l’île le 1er sanctuaire-hôpital de la ville (Roger Dachez, Histoire de la médecine, Paris, 2008, p. 168-169, Ovide XV, 602-646).

Les Asclépiades sont des temples du dieu répartis sur le pourtour méditerranéen afin d’accueillir tous les malades qui le souhaitent.
La vie d’Asclépios passe du mythe à la réalité. Il en est ainsi de la médecine divine des Asclépiades par rapport à la médecine terrestre humaine. Hippocrate et Thucidide se refusent à relier  « les événements historiques par les volontés divines » (Jouanna, Magdelaine, Hippocrate, l’Art de la médecine, Paris, 1999, p.36).
On sacrifiait un coq à Esculape, symbole de vigilance, afin de le remercier pour les guérisons.

Le rôle des serpents est également d’absorber les abcès (avec l’aide des chiens, en léchant les plaies). Le serpent est symbole de savoir. Il connaît les secrets de la Terre, les vertus médicinales et les mystères de la mort.

Mais Esculape a aussi visage humain, né à Tricca ou à Thelpousa vers -1200/-900, il est l’ancêtre d’Hippocrate.

  • AELIUS ARISTIDE : Discours sacrés : rêve, religion, médecine au IIe siècle après Jésus-Christ.
  • APOLLODORE : Bibliothèque,livre II, chapitre VII ; livre III, 10,3-4, vers 150 av. J.-C.
  • APULEE : Les Métamorphoses (Asinus aureus), livre X, milieu du IIe siècle av. J.-C.
  • ARISTOPHANE (445-380 av. J.-C.) : Théâtre, tome II, Plutus (rôle de Carion).
  • CICERON  (106 av. J.-C. – 43 av. J.-C.) :
    De natura deorum (45 av. J.-C), livre II, 62, XXIV; livre III, XV, 39 ; livre III, XVIII, 45.
    Histoire de la Médecine, 1ère partie, livre I, chapitre VI-XX.
    Histoire de la Médecine, 1ère partie, livre III, chapitre XXII.
    De divinatione, II, 58-72, 44 av. J.-C.
  • DIODORE DE SICILE : Mythologie des Grecs, Bibliothèque historique, livre IV, LXXI.1. Esculape et sa postérité. 1er siècle av. J.-C.
    Diodore enlève la substance mythologique des textes de façon à incorporer ce qu’il en reste à l’Histoire.
  • EURIPIDE : Alceste, 4, 126-128, 438 av. J.-C.
  • GALIEN, Méthode thérapeutique, I, 1.
  • HERODOTE : Histoires, VIII, Uranie, 41, 1er siècle.
  • HESIODE : Fragments: 50 MW – 53 MW, VIIIe  siècle av. J.-C.
  • HESIODE, Fragments du Catalogue des femmes, 245 bis.

  • HIPPOCRATE : le Serment, probablement IVe  siècle av. J.-C.
  • HOMERE (fin VIIIe  siècle av. J.-C.) :
    L’Iliade, II, 731 ; IV, 194 et suivantes.
    Odyssée.
    HYMNES HOMERIQUES, XV, Esculape, non attribués à Homère. Dates incertaines : VIIe, av. J.-C. – IVe ap. J.-C.​
  • HYGIN (67 av. J.-C., 17 ap. J.-C) : Fables, CCII, Coronis ; CVIII, le cheval de Troie. 
  • LUCIEN DE SAMOSATE,  Zeus tragédien, 19.

  • OVIDE : Les Métamorphoses, II, 535-632. 1er siècle.
  • PAUSANIAS : Périégèse, II, 26,3 ; livre III (Laconie), chapitre III, chapitre XXIII ; IV, 3,2 ; IV, 31,12 ; VIII, 25,11. IIe siècle.
  • PINDARE : Pythiques, III (I, II), IV, V, IX. Ve  siècle av. J.-C.
  • PLATON, Protagonas, 311b.
  • Valerius Maximus, Actions et Paroles mémorables, Livre premier, chapitre VIII, des Miracles, exemples romains.                                                                                             Bibliographie

    BAYARD Jean-Pierre, Le symbolisme du caducée, Paris, 1998.
    JOUANNA Jacques, MAGDELAINE Caroline, Hippocrate, L’Art de la médecine, Paris, 1999.

Laisser un commentaire